DEVIANT BURIALS, NECROPHOBIE, RITE LIMINAIRE: POUR UNE NORMALISATION SEMANTIQUE ET UNE APPROCHE SYSTEMIQUE DES GESTES FUNERAIRES ET MORTUAIRES “ATYPIQUES”
Ian Gonzalez Alaña | ASM - Archéologie des Sociétés Méditerranéennes, UMR5140 | Université Paul - Valéry Montpellier, CNRS, MCC
Abstract
La Recherche archéologique a mis en avant, dans toutes les sphères chronoculturelles, des cas de pratiques funéraires hors norme, ou du moins de gestes difficiles à saisir et à interpréter. Très tôt, les archéologues ont essayé de leur trouver un sens, mais aussi une définition: des cas de cannibalisme du Néolithique, aux sépultures hors normes mises en avant pas Sir Flinders-Petrie pour les sites de l’Egypte prédynastique, en passant par certaines pratiques protohistoriques. La littérature archéologique s’est alors efforcée de réaliser tout un travail épistémologique à ce sujet. Des deviant burials des anglo-américains à la Sonderbestattung de la Recherche allemande, une vaste littérature est née, avec un nouveau vocabulaire, pour répondre à la question.
Or en France, aucune réflexion épistémologique n’a été réalisée à ce sujet, du moins en profondeur. C’est dans ce sens que nous avons pris le parti de tenter une normalisation à la fois épistémologique et sémantique pour essayer de mieux cerner le phénomène en question. Pour cela, nous avons mis en avant le concept de rite liminaire.
Mais certains chercheurs refusent le terme de rite. E. Crubézy parle même de façon pour le moins directe, d’impossibilité de parler de rite, préférant le terme de pratique[1]. C’est dans ce sens que, tout en prenant comme exemple le cas des rituels nécrophobiques, et en nous appuyant des rites de passage de Van Gennep, nous réétudierons le terme de rituel, sans lequel bon nombre des interprétations archéologiques seraient écartées. En reprenant l’idée du rituel, nous serons à même de parler, pour aider à l’interprétation des pratiques «hors norme» ou particulières, du concept de rituel liminaire.
[1] E. Crubézy, “L’étude des sépultures, ou du monde des morts au monde des vivants” in E. Crubézy, C. Masset et al., Archéologie funéraire, 2000, Paris, Collection «Archéologiques», pp. 8-54